Histoire de la distillation :
Depuis plus de cinq mille ans, l’Homme se sert des plantes pour différents usages. Il a essayé divers procédés d’extraction, de macération et de mélange. Ce que nous appelons aujourd’hui « huile essentielle » – autrefois désignée par « essence », « esprit », « âme des plantes » et bien d’autres termes – résulte de l’évolution de la distillation par l’alambic. Cette technique, utilisée depuis des milliers d’années par les parfumeurs, les chimistes, et même les alchimistes, a beaucoup évolué.
Un retour sur son histoire nous éclairera d’autant mieux sur les remèdes incomparables que sont les huiles essentielles. L’alambic est un terme issu de l’arabe « al’inbiq » signifiant « vase ». On l’utilisait à l’origine pour obtenir les eaux florales et les huiles essentielles, avant de servir pour les eaux-de-vie et les fruits fermentés. Au cours de l’histoire, l’évolution de la distillation est surtout liée à l’usage des parfums.
Plusieurs preuves de son origine existent. La découverte du plus ancien alambic en Mésopotamie, à Tepe, au nord de l’Irak actuel, a permis de remonter aux Perses vers 3500 ans avant J-C. En Orient, des recherches menées sur le site de Mahenjo Daro (situé dans l’actuel Pakistan) ont également mis au jour les toutes premières traces de distillations, datées de 3000 avant J-C.
Lors de fouilles à Pyrgos, sur l’île de Chypre, une chercheuse italienne, Maria Rosaria Belgiorno, a découvert des objets datant de 1850 avant J-C, apparemment abandonnés lors d’un tremblement de terre. On y a notamment trouvé les restes d’un bâtiment aux parois closes recélant des vases d’une contenance de 200 kilos, reliés par deux, qui pourraient constituer un autre ancêtre de l’alambic.
Une tablette babylonienne, datée de 1200 avant J-C, mentionne le terme d’alambic, ainsi que la figure de Tputti, une parfumerie célèbre de l’époque babylonienne, considérée comme la toute première chimiste.
Parallèlement aux recherches entreprises pour découvrir des traces physiques de son origines, on trouve aussi quelques informations dans les textes (parfois contradictoires cependant). Découverts au X ème siècle, mais datés du II ème siècle après J-C, ils sont réunis dans un recueil dénommé Collection des anciens alchimistes grecs (https://fontainedarethuse.com/accueil/10353-collection-des-anciens-alchimistes-grecs.html).
L’histoire de la distillation est intimement liée, par ailleurs, à une autre science fascinante, mais néanmoins mystérieuse : l’alchimie. A cet égard, on associe une autre femme à l’origine de la distillation : Marie la juive. Mentionnée dans les traités de Zozime de Panopolis, alchimiste grec d’Alexandrie de la fin du II ème siècle, elle aurait vécu vers le II ème, ou III ème siècle avant J-C, et serait la toute première alchimiste de l’Histoire.
Plus tard, on a attribué à Avicenne (930-1037) l’invention de la distillation moderne, mais selon les propos d’Abn Al Qasim au XI ème siècle, ce serait plutôt à Geber (Abu Mūsā Jābir ibn Hayyān) que l’on doit les premiers dessins de l’alambic actuel. Geber, alchimiste considéré comme le père de la chimie, vivait au VIII ème siècle après J-C, et détanait un véritable laboratoire équipé de tous les instruments nécessaires à la distillation.
Du Moyen-Age à nos jours, les appareils de distillation ont connu de nombreuses transformations, de l’apogée du christianisme jusqu’aux progrès techniques des XIX ème et XX ème siècle, en passant par les révolutions philosophiques du XVIII ème siècle. Aujourd’hui, l’extraction des huiles se fait dans des machines industrielles très performantes dotées de cuves dépassant largement les 200 litres de contenance.
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