Vous aurez peut-être remarqué dans les catalogues de vente d’huiles essentielles (ou en répertoriant les multiples dérivés des plantes), que certaines huiles portent la mention « concrète », « absolu » ou « extraction au CO2 supercritique ».
Certaines plantes ont, en effet, des rendements si faible avec la distillation, qu’il est préférable d’extraire les « essences » grâce à d’autres méthodes. C’est le cas des huiles les plus précieuses comme les fleurs de Rosa Damascena – Rose de Damas, de Jasminus officinalis – Jasmin, ou de Citrus aurantium var amara – Néroli, l’huile essentielle de fleur d’oranger.
Méthode d’extraction – concrète : c’est une extraction par solvant (souvent de l’hexane ou du toluène). On l’introduit dans une cuve où la matière végétale est mise sous pression (pétales de rose ou de jasmin par exemple). Le solvant se charge de toutes les molécules aromatiques, puis s’évapore lorsqu’on ouvre la cuve. Il ne reste alors que la concrète : un genre de cire, une pâte noircie. Le rendement est en général plus élevé qu’avec une distillation, et les molécules obtenues sont plus proches de la composition chimique de la plante fraîche (le processus étant fait à froid). Mais cette méthode pose problème, car elle ne permet pas d’obtenir un produit totalement pur, à cause du solvant.
Méthode d’extraction – absolu : l’absolu est le résultat de la concrète une fois lavée avec de l’alcool (l’éthanol par exemple). Comme pour le concrète, e rendement est plus élevé qu’avec une distillation, et les molécules obtenues sont les plus proches de la composition chimique de la plante fraîche, car le processus est fait à froid. Le résultat ne sera pas pour autant pur, même lorsque la plante est certifiée bio, à cause de l’utilisation de solvant et d’alcool.
Méthode d’extraction – CO2 supercritique : c’est une technique très récente qui permet d’extraire les molécules aromatiques de la plante sans les inconvénient de la distillation à la vapeur, et sans les inconvénients de l’absolu. Le processus se fait à froid, sans altérer les composants chimiques de la plante fraîche, et sans ajout de solvant, ce qui confère au produit toute la pureté requise. Pour extraire les essences, on utilise le gaz carbonique (CO2) dans un état supercritique (c’est-à-dire ni liquide, ni gazeux, à un niveau élevé de pression de plus de 50 bars et à une température de 30 degrés).
Ce gaz joue le rôle de solvant naturel : on le plonge dans la matière végétale et on peut le retirer totalement une fois le processus abouti. Les fleurs sont placées dans une colonnes, elle-même placée dans un cylindre soumis à une forte pression, dans lequel on ajoute du CO2 supercritique. La complexité du processus en fait une méthode encore rarement utilisée, bien qu’elle présente de nombreux avantages sur le plan écologique.
Cependant, cette méthode ne conviendra qu’à certaines plantes. Les compositions chimiques obtenues seront en effet bien différentes des plantes distillées à la vapeur d’eau. Par exemple, on conseille de ne jamais se procurer de la Matricaria recutita – Camomille matricaire extraite en CO2, car certains sesquiterpènes essentiels de cette huile, les azulènes, ne sont obtenus que par la chaleur.
D’autres produits dérivés proches des huiles essentielles existent. Nous avons d’ailleurs déjà évoqué l’hydrolat et le macérât huileux (obtenu à partir de la macération d’une plante dans de l’huile végétale). Il existe aussi la teinture mère, une macération de la plante dans l’alcool, extrait après une macération suffisante, et pouvant être vieilli comme le vin.