L’alchimie

Le terme d’alchimiste est souvent associé à une bande d’originaux un peu fous, magiciens illuminés, charlatans, escrocs en tout genre… Mais ce sont davantage des savants et des philosophes agissant au sein d’un même courant de pensée, œuvrant à fournir à leurs adeptes la richesse, la santé et le bonheur.

Enfermés dans leur laboratoire, ils mènent des expériences pour changer l’état de métaux vulgaires en or (ce qui a été démontré comme impossible par certains). Cependant, l’histoire des huiles essentielles est indissociable de celle de l’alchimie. Ce sont les alchimistes, les premiers à pratiquer la distillation et la sublimation pour changer l’état de la matière, et ce dès le III ème ou II ème siècle avant J-C avec Marie la juive. (cf article histoire de la distillation: https://vieprecieuse.fr/2020/08/17/methodes-de-distillation-des-huiles-essentielles/).

A la fin du XVIII ème siècle, ils seront remplacés par les chimistes. L’histoire de l’alchimie comprend autant de femmes que d’hommes, et elle s’organise selon trois sortes de pratiques : l’alchimie sèche avec les métaux (pour la richesse), l’alchimie humide avec les végétaux (pour la santé), et l’alchimie pure avec l’esprit (pour le bonheur), réservée aux prophètes et autres initiés.

Parmi les alchimistes les plus celèbre, on retiendra un Perse du VIII ème siècle, Geber – Abu Mūsā Jābir ibn Hayyān, (cf article histoire de la distillation: https://vieprecieuse.fr/2020/08/17/methodes-de-distillation-des-huiles-essentielles/), à qui l’on doit les premiers dessins de l’alambic actuel, et une théorie selon laquelle les métaux sont tous composés de souffre et de mercure. On retiendra ensuite le nom de Paracelse, philosophe, physicien et astrologue suisse du XVI ème siècle, qui nomma les quintessences (quinte = 5, donc 5e essence, considérée comme le 5ème élément avec l’air, l’eau, le feu et la terre).

Paracelse a ajouté un troisième principe à ceux de Geber : en plus du soufre et du mercure, il ajoute le sel. On parvient ainsi aux trois ingrédients de base de l’alchimie, correspondant aux trois couleurs des trois grands principes de la transmutation alchimiste :

  • Le sel qui est noir (le « corps » et la structure, il représente la matière).
  • Le soufre qui est rouge (« l’âme », et dans notre cas, ce qui « habite » ou « anime » le corps de la plante. Il correspond à l’agitation de nos émotions et peut représenter ‘l’essence » de la plante.
  • Me mercure qui est blanc (« l’esprit » ou le principe le plus volatile, il représente la lumière et correspond aux huiles essentielles).

Si tous les instruments de la distillation sont clairement décrits, les formules et le contenu alchimiques restent secrets : toute la littérature et les écrits sont rédigés dans un langage coloré, codé et poétique que l’on appelle le « langage des oiseaux ». Dans cette langue, OR signifie EAU + AIR – ce sont par ailleurs les deux éléments de base de la distillation des huiles essentielles.

Dans ce langage et ces formules, il sera ainsi question du chiffre sept, d’un oiseau noir, de pomme, de couleur verte, de pierre philosophale… Pas étonnant que l’alchimie ait été rattachée à la poésie et que ses recettes soient toujours bien gardées.

Cependant, les opérations alchimiques correspondent bien aux principes de la distillation : l’alambic chauffe (FEU) un quantité de plante dans l’EAU, créant ainsi une vapeur (AIR) qui, passée par le serpentin, rejoint le sol (TERRE) sous la forme d’huile et d’hydrolat. L’opération donne naissance à cette fameuse quintessence dont parlait Paracelse, notre huile essentielle, volatile et inflammable : la matière de la plante (NOIR), grâce à l’agitation du feu (ROUGE), aboutit à l’esprit de la plante (BLANC).

On pourra ainsi relier le processus physique, et l’étape chimique de l’obtention de l’huile essentielle, à cette philosophie alchimiste cherchant à obtenir la lumière dans la matière, ce souffle qui n’a pas de forme. Le mot Aour indiqué dans les textes a été traduit par la « lumière », mais si l’on en croit la langue des oiseaux, il signifierait plutôt « amour ».

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