Provenance et terroir

Le terme « terroir » n’est pas approprié pour qualifier les huiles essentielles. Il exprime la différence entre plusieurs huiles essentielles issues d’une même plante. Dans la pratique, il s’agit principalement des « chémotypes ». En effet, selon le climat, le sol et toutes les conditions propres à son environnement, les constituants chimiques d’une plante pourront changer.

Ainsi, même si les plantes sont de la même espèce et appartiennent au même genre, leurs molécules aromatiques seront différentes. On indiquera alors, par le chémotype (abrégé « ct »), le composant majoritaire de la formule biochimique de l’huile essentielle. Les propriétés entre deux chémotypes d’une même plante pourront être complétement différentes, et dans certains cas, opposées.

Ces mystères génétiques concernent les huiles très communes, comme les thyms, les romarins et les basilics/ On se rappellera par exemple la différence entre les deux thyms : Thymus vulgaris ct thymol – Thym à thymol et Thymus vulgaris ct linalol – Thym à linalol.

Thymus vulgaris ct thymol contient beaucoup de phénols (propriétés antibactériennes et antivirales), mais il est irritant pour la peau et la muqueuse, et doit donc être utilisé avec beaucoup de précautions.

Thymus vulgaris ct linalol – Thym à linalol est, au contraire, le plus doux de tous les thym et le plus utilisé par les enfants, pour son action immunostimulante et sa grande tolérance sur la peau.

Lors de vos achats, vous devrez aussi être attentif aux différences entre les pays et les distillateurs. La Lavendula angustifolia – Lavande vraie ou fine, poussant à l’état sauvage à 1500 mètres d’altitude dans les Alpes de Haute-Provence, n’aura pas du tout les mêmes composants chimiques, ni la même vibration, qu’un Lavendula angustifolia extraite des champ de monoculture d’Inde, de Turquie ou de Bulgarie.

De la même manière, les roses de Damas en provenance de Bulgarie (pays spécialisé dans la production d’huile essentielle), de Turquie (où la production est bien plus importante) et du Maroc (où c’es davantage l’eau de rose, c’est-à-dire l’hydrolat qui est produit et non l’huile essentielle) présenteront de grandes disparités dans leur composition dans leur composition chimique, mais aussi dans leur arôme, leur vibration et leurs effets.

Nous avons aussi évoqué d’autres différences, à l’exemple de Daucus carota – Carotte sauvage, recommandée pour la peau. Cette huile de carotte (plante entière), mélangée à de l’huile végétale de noyau d’abricot et de l’huile végétale de rose musquée, sera une combinaison idéale pour préparer la peau au soleil.

Cependant, certains producteurs, en Corse par exemple, récoltent une carotte sauvage dont la composition chimique de l’huile essentielle varie (justement à cause du « terroir » : le terrain, le climat et l’environnement particulier de la Corse). Son chémotype est un eugénol : Daucus carota ct transméthyl-eugénol, qui peut s’avérer toxique pour la peau s’il est utilisé en application cutanée diluée à plus de 1% !

Observez ainsi les différences entre toutes les huiles essentielles extraites d’épices (poivre noir, gingembre, cannelle, clou de girofle, cardamome) si elles proviennent d’Inde (et de quelle province – les régions du Kerala et du Tamil Nadu étant connues pour leur production d’épices) ou de Madagascar. Pour l’Elettaria cardamomum (cardamome), vous pourrez comparer l’huile provenant d’Inde à celle provenant du Guatemala.

Les huiles essentielles de Cinnamomum zeylanicum (Cannelle de Ceylan) auront des arômes bien différents selon qu’elles proviennent du Sri Lanka (berceau de la cannelle), d’Inde (Province du Kerala où certains canneliers sont centenaires et possèdent une écorce très épaisse), de lîle de la Réunion ou de Madagascar (les canneliers y sont souvent jeunes). Un autre exemple, déjà mentionné, est celui de Myristica fragrans (Noix de Muscade), dont l’huile essentielle pourra être dénuée de son composant essentiel, la myristicine, selon le terroir où elle pousse (par exemple, à Madagascar).